Biographie Bouchard Laure-Gabrielle
Soeur Laure Bouchard 1913-1985
(Soeur Louis-Arthur)
Le village de Sainte-Geneviève de Batiscan présente à l'oeil un panorama naturel enchanteur. Sur un fond de scène coloré par l'automne se détache, au sommet d'un côteau, l'église qui domine la place et regarde passer la rivière. En face de l'église s'élèvent des maisons simples, accueillantes, de chaque côté du Bureau de poste. Elles tournent le dos à la rivière Batiscan, cette vieille route des pionniers, tant de fois sillonnée par les chasseurs et les trafiquants.
Le centre de ce village -le Bureau de poste - tenu par M. Arthur Bouchard, réunît souvent toutes les classes de la population. Les anciens viennent jouer leur partie de cartes avec le maître de poste et les jeunes défilent à l'heure du courrier. Un peu comme sur le pont d'Avignon, tout le monde y passe.
La jeune fille
Monsieur Arthur Bouchard, tailleur et maître de poste est connu et estimé de tous les paroissiens de Sainte-Geneviève. Son épouse, Florins Baribeau, appartient à l'une des plus anciennes familles établies sur les rives de la rivière Batiscan dans les premiers temps de la colonie. Cette famille est présente à l'histoire dans les domaines de la politique soit provinciale, soit municipale ou scolaire.
Le 24 février 1913, Arthur Bouchard et son épouse reçoivent, comme une bénédiction céleste, la quatrième enfant d'une famille de neuf. Le 26, les cloches de Sainte-Geneviève annoncent la bonne nouvelle aux paroissiens. Un bébé baptisée Avarie-Laure-Gabrielle vient enrichir la famille du tailleur, maître de poste, Arthur Bouchard.
Auprès d'un berceau, les parents se posent une question identique "Que deviendra cet enfant?" Et déjà, leurs cerveaux et leurs coeurs ébauchent des rêves, tous plus ambitieux les uns que les autres. La petite Laure, bercée par sa maman, a dû l'entendre parler de Jésus, car dès l'éveil de sa raison, elle prend un extrême plaisir aux récits évangéliques. Son milieu la favorise. L'enfant fréquente d'abord l'école de Sainte-Geneviève. Le 16 juin 1922, une jolie fillette de neuf ans s'agenouille dans l'église paroissiale, devant l'évêque de Trois-Rivières pour y recevoir l'onction de la Confirmation. Les parents assistent, attentifs à la cérémonie et bien heureux de contempler la ferveur et le sérieux inscrits sur le visage de leur enfant.
Sous le voile blanc qui la dérobe aux regards, la fillette médite déjà. C'est un idéal qui se dessine dans l'esprit de Laure au cours de cette imposante cérémonie de la Confirmation. L'Esprit-Saint lui découvre la beauté et la grandeur de la perfection religieuse. La famille, l'école, les lectures sérieuses développent chez la jeune fille l'amour de Dieu et des âmes. A l'âge de tee ans, elle voit partir son frère Louis pour le postulat de la Compagnie de Jésus. Ce départ entretient son idéal de vie religieuse. Laure continue ses études . Après avoir obtenu le diplôme élémentaire à Sainte-Geneviève, elle demande son entrée au pensionnat de Nicolet afin d'y parfaire ses études. Elle sent bien que pour réaliser le rêve de perfection qui l'habite, elle ne doit pas se limiter à ses modestes connaissances.
Intelligente, distinguée, impeccable dans sa tenue et dans son langage, Mademoiselle Bouchard se classe parmi les meilleures élèves du Cours supérieur à Nicolet. Écoutons ce qu'elle-même nous rivèle : "La direction de Mgr l'Aumônier Bruneault, les sages avis d'une directrice aussi bonne que pieuse, l'édification de mes maîtresses d'hier, retrouvées à Nicolet, dans celles du pensionnat, tout me détermine à faire connaître mes dispositions et mes attraits dont je n'avais jamais parlé ... car ne connaissant pas la vie religieuse, n'étant ras éclairée, j'avais peur d'être appelée à tant de sacrifices".
D'une situation sociale enviable, Laure possède le charme et la distinction qui attirent les regards. Les plaisirs du monde sans la captiver lui sourient et l'invitent discrètement. Avec le sérieux d'une personnalité forte, elle analyse et compare les joies, les plaisirs, les vanités de la gloire humaine, avec le don total de soi, le dévouement, les joies spirituelles. Ces comparaisons font ressortir la vocation religieuse comme un sommet presque inaccessible. Pourtant au fond de son coeur elle éprouve toujours un secret désir de s'exiler dans quelque pays lointain, afin de s'identifier au Grand Exilé du Tabernacle, au profit des âmes.
Laure ne demeure pas dans l'indécis; elle saisit l'occasion d'une retraite prêchée par Mgr Bruneault et confie son attrait pour les missions lointaines. La Supérieure générale de la Congrégation des Soeurs de l'Assomption est alors Soeur Marie-Eustelle, cousine de Laure Bouchard. La jeune fille lui fait part de ses intentions missionnaires et elle lui dit être encore dans l'indécision quant au choix de la Congrégation. Soeur Marie-Eustelle ne laisse pas passer une si belle pêche; elle tend son filet: "Entrez ici, lui dit-elle, vous irez au Japon". Tout s'éclaire pour la jeune fille. Dieu l'appelle à son service. Elle termine sa retraite dans l'action de grâces et l'espérance.
L'infirmière
Confiante en la Providence, Laure Bouchard quitte le pensionnat de Nicolet pour les vacances à la maison paternelle, songeant au fond de son coeur, que ce sont ses dernières vacances avec les siens. Son choix fixé, elle conti- nue de prier de toute son Âme et elle écrit sa demande d'admission chez les Soeurs de l'Assomption de Nicolet, sachant bien que la séparation sera cruelle.
Le postulat la reçoit le 21 août 1931. Dans tout l'éclat de la jeunesse, à dix-huit ans, elle offre au Seigneur un coeur épris de perfection et désireux d'absolu. Elle parle de ses directrices au noviciat, Soeur Saint-Benjamin et Soeur Sainte-Pudentienne, comme des femmes dévouées au service de la formation, mais elle ajoute : "Soeur Saint-Hilaire est la véritable première mère de mon Âme de religieuse".
Dans les plus ferventes dispositions, elle revêt l'habit religieux le 18 février 1932 et prend le nom de Soeur Louis-Arthur, par amour pour son père et pour son frère. Après un noviciat fervent et visant toujours le but : servir Dieu et lui donner des àmes, Soeur Louis-Arthur fait profession le 18 février 1934.
Les autorités n'ont pas oublié ses désirs de vie missionnaire. Pour arriver au Japon, avant d'enseigner, on doit posséder la langue. Or, on se propose de prendre contact avec la population par le moyen d'un dispensaire. La langue anglaise est nécessaire pour arriver et les connaissances médicales. Soeur Louis-Arthur apprend donc l'anglais et suivra des études d'infirmière chez les Soeurs de Saint-Joseph à Hamilton où elle perfectionne la langue seconde.
En septembre 1934, elle est norrmée étudiante à l'Hôtel-Dieu de Montréal. Elle poursuit les cours d'infirmière. En 1937, elle est infirmière à Nicolet. En 1939, en septembre, gravement malade, elle est d'abord soignée puis, remise, elle fait une assez longue convalescence Par la suite, recouvrant la santé, elle continue de remplir ses fonctions d'infirmière à Nicolet. En 1942, elle est nommée à Corbeil, chez les jumelles Dionne. Elle y passe une année.- Elle est, en septembre 1943, à Haileybury. En 1956, elle revient à Nicolet, au Pavillon du Sacré-Coeur: infirmière chef, responsable des malades, service de consultation. Elle se détermine un horaire qui lui permet d'être toute à toutes.
L'infirmière se montre à la hauteur de sa tâche. Elle se tient, par l'étude, à la fine pointe de la recherche et des soins à dispenser aux différents genres de malades. énergique, forte, confiante en ses moyens, elle propose ses diagnostics et ses vues à ses malades qui l'admirent et mettent leur confiance en elle. Les médecins qui visitent les malades et qu'elle accompagne ne tarissent pas d'éloges sur les qualités intellectuelles et humaines de cette infirmière.
Avec les années et le vieillissement de la <xmnnnauté, le nombre des malades augmentant, Soeur Bouchard prévoit aussi une augmentation du personnel infirmier. En donnant des cours à de jeunes religieuses, elle les initie à la pratique et quand elles sont en mesure de poursuivre plus loin, elle les envoie chercher leurs diplômes dans les hôpitaux où ils sont dispensés. Presque toutes les infirmières du Pavillon Sacré-Coeur ont reçu leur formation de base de Soeur Laure Bouchard. Elle les habitue au travail en équipe, s'entraidant les unes les autres en certains cas. Elle nomme des responsables à chaque étage afin que tout se fasse selon un plan déterminé.
Elle voit dans chaque malade, le pauvre, l'indigent, incapable de pourvoir à ses besoins. La soif de perfection la pousse sans cesse à établir des techniquesd'aide aux plus malades, aux plus défavorisées. Est-elle appelée auprès des mourantes, elle mouille les lèvres sèches, elle essuie les sueurs froides du front, sa Prière accompagne tous ces gestes accomplis avec la ferveur d'une liturgie. Elle a servi et les malades et la Congrégation. Son départ a affecté profondément toutes celles qui la connaissaient.
La religieuse
La jeune fille portait au coeur un haut idéal, elle l'a réalisé au jour le jour, dans une profession de dépassement. Demeurer des années entières auprès d'invalides, de malades chroniques, de mourantes, suppose une âme forte et bien trempée aux sources de la foi. Laure est religieuse en tout temps et partout. Qu'elle soit au chevet des mourantes, à la salle de consultation ou à la salle d'opération, c'est toujours et avant tout la foi et l'esprit surnaturel qui la guide. Elle encourage, elle console, elle propose des moyens psychologiques de se maintenir en santé. Elle est si convaincue qu'elle est convaincante pour ses interlocutrices. Chacune sait discerner la femme consciente de sa consécration, qui s'élève au-dessus de tous les préjugés pour aider les autres, ses soeurs, consacrées comme elle, à discerner leur voie à travers la maladie et surtout à entendre la voix de Dieu qui les identifie à Lui en leur faisant porter un peu sa croix afin de "rassembler dans l'unité les enfants de Dieu dispersés".
Elle dit que sa grande dévotion est celle de la Sainte-Trinité. Il n'est pas étonnant que cette religieuse ait atteint les ·sommets de foi, d'espérance et de charité dont elle rêvait enfant. Sous la conduite de l'Esprit Saint, elle accomplit des recherches en Écriture Sainte afin de donner aux rencontres hebdomadaires toute leur saveur évangélique. De plus, elle a le sens de la fête, rien n'est épargné pour revêtir ces jours, (fête de Noël, fête de l'autorité, fête des malades), d'un caractère joyeux et festif où chacun y trouve sa part de bonheur. Elle participe aussi chaque soir aux récréations des infinnières, elle se tient ainsi au courant de tout ce qui se passe à chaque étage, elle prend le pouls de son personnel, constate la fatigue de celle-ci ou de celle-là, elle pratique alors de légères mutations dans les emplois, elle donne quelques jours de détente à qui en a besoin. Comme une vraie responsable, elle veille à ce que le service aux malades soit fidèlement dispensé. Elle a donné à ses infirmières l'exemple du travail bien fait, et celui d'une vie communautaire exemplaire. Son coeur de religieuse gardait bien tendre l'affection pour les siens. Comme elle les aimait et comme elle doit souvent parler d'eux au Seigneur
Lorsque, le 22 février 1985, la nouvelle de sa mort accidentelle arrive au Pavillon du Sacré-Coeur, un voile de deuil se déploie sur la maison. Les malades pleurent, les infirmières sont affaissées, c'est comme si l'âme de la maison était disparue. Il faut un peu de temps pour apaiser les coeurs brisés. Pourquoi est-elle partie si vite, sans nous habituer à son absence? Seul le Seigneur possède la réponse. Elle était mûre pour la moisson. Vigilante, elle attendait le Seigneur. "Les yeux fixés sur les mains de son Maître", elle est partie au premier appel. Il l'a prise en service: elle allait visiter une malade. "Viens, la bien-aimée de mon Père ... tu m'as soigné, tu m'as visité, tum'as consolé ... , viens recevoir la récompense de tes travaux".
Décédée le 22 février à 1 h 40, au Centre hospitalier Sainte-Marie de Trois-Rivières, elle est inhumée le 25 février à 14 h. Elle était agée de 71 ans dont 53 de vie religieuse. A l'heure prévue des funérailles la chapelle est comble, les Soeurs sont accourues de partout pour rendre un dernier hommage à celle qui les a aidées dans leurs maladies.
La chorale a joué un rôle de consolatrice par la beauté de ses chants qui nous donnait l'impression de célébrer l'entrée au ciel de notre chère Soeur. Nous redisions dans nos coeurs : "Reçois-la bien chez toi, elle était notre amie!"
Thérèse Bernier, S.A.S. V. nécrologue
Accusé d ’avoir causé la mort d’une religieuse
TROIS-RIVIERES
Sylvain Bourque. 23 ans. de la rue Bécancour à Sainte-Angèle-de-Laval. a
fait
face
à
trois
accusations
à
la
sui
te
d
’
un
accident
de
la
route
qui
a
coûté
la
vie
à
une
religieuse
de
Ni-
colet.
le
21
février
dernier
Lq
jeune
homme
qui
est
repré
senté
par
Me
Gilles
Lacoursière.
criminaliste
de
Trois-Rivières
a
nié
des
charges
de
négligence
criminel
le.
de
délit
de
fuite
et
de
facultés
af
faiblies
au
volant
d'un
véhicule-mo
teur
mais
la
couronne
ne
s'est
pas
opposée
à
sa
libération
provisoire
Il
a
opté
pour
un
procès
devant
un
juge
sans
jury
et
son
enquête
pré
liminaire
s'instruira
le
19
décem
bre
Trois
accusations
Bourque
avait
été
tenu
criminel
lement
responsable
de
la
mort
de
Laure
Bouchard
à
la
suite
d'une
en
quête
du
coroner
présidée
par
Me
Luc
Malouin,
de
Nicolet.
et
au
cours
de
laquelle
plusieurs
témoins
avaient
été
entendus
Selon
le
mi
nistère
public,
représenté
lundi
ma
tin
par
Me
Maurice
Gabias
Bour
que
aurait,
le
21
février
1985
à
Ni
colet,
par
négligence
criminelle,
causé
la
mort
de
Laure
Bouchard
une
religieuse
A
la
même
date
et
au
même
en
droit.
ayant
le
contrôle
d
une
auto,
a
omis
d'arrêter
son
véhicule
et
de
donner
ses
nom
et
adresse
en
vue
d'échapper
à
toute
responsabilité
criminelle
et
civile,
et
Laure
Bou
chard
ayant
été
blessée,
de
lui
offrir
de
l'aide
en
plus
d'avoir
conduit
un
véhicule-moteur
alors
que
ses
facul
tés
étaient
affaiblies
pour
les
bois
sons
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