Biographie Boucher Edmond
Ses parents l'appelaient Elmon. Lorsqu'il commença l'école, la "maîtresse" refusa ce nom pour le dénommer Edmond. Quelle ne fut pas sa surprise de constater, à la réception de son certificat de baptême, qu'il était enregistré sous les noms de Joseph, Édouard, dans la paroisse de St-Paulin.
Une des joies de ses trois ans, c'est de voir danser la marionnette en bois de son frère aîné. Par contre, son cousin Edouard, élevé avec la famille par la grand-mère Boucher, lui cause beaucoup de peine. Parlons du jour où il cloue ses chaussures au perron. Heureusement, Maggie, soeur de Edouard, vient déprendre le malheureux Edmond.
Les jours de congé, le gamin s'amuse à imiter les travaux de la ferme et à dire la messe. Déjà, il songe à devenir prêtre. Sa soeur Amanda est "son servant de messe" dans la grange que les enfants ont fabriqué sur la montagne en face de la maison. Edmond est choisi pour dormir dans la chambre de sa grand-mère Boucher qui craint, à juste titre, de devenir malade et de ne pouvoir appeler à l'aide.
En grandissant, Edmond doit prendre de plus en plus part aux travaux de la ferme. L'été, il sarcle et renchausse le grand champ de patates ainsi que le jardin-potager. Il lui faut faner en arrière des faucheurs, à la petite faux, râcler au petit râteau à la suite des chargeurs. A dix ans, en plus d'aller chercher les vaches en compagnie du chien Ti-Fin, Edmond commence à les traire. Cet exercice s'exécute à la main. L'hiver, il entre le bois de chauffage pour la journée, déblaie la neige et prend soin des animaux.
Il quitte l'école et les joies de l'enfance à 13 ans. L'expérience du travail de nuit dans la fabrication du bardeau au moulin à scie de son père lui laisse un mauvais souvenir, mais elle lui sera utile en mission. Deux ans plus tard, au Témiscamingue, il entreprend une carrière dans les chantiers jusqu'en 1920.
Cet hiver-là, Edmond, ayant décidé de devenir prêtre, prend des cours préparatoires au cours classique du curé du village, le dimanche après-midi. Septembre annonce le grand départ de la famille. Entré au séminaire des vocations tardives à St-Victor, sa santé fragile l'oblige à changer son orientation: frère dans les missions du Nord-Ouest.
Il débute le noviciat le 10 avril 1924 à Lachine. Toutefois, la communauté religieuse l'envoie poursuivre cette étape au scolasticat à Ottawa, dont deux semaines à leur maison de vacances. Revenu à Lachine pour la retraite en septembre, Édouard prend la soutane des Oblats de Marie-Immaculée le 14 octobre 1924. Délicatesse peu ordinaire pour lui, son directeur de conscience vient du séminaire prêcher à sa prise d'habit.
Encore novice en septembre 1925, Edmond entreprend sa longue carrière dans les missions du nord du Manitoba et de la Saskatchewan. Cette vie d'aventure et de vagabondage durera un peu plus d'un demi-siècle: voyages en bateau, en canot d'écorce, en traîneau tiré par des chiens, en traîne tirée par des chevaux, portages, couchers à la belle étoile. Les lacs Playgreen, Winnipeg, Cross, Lac-des-Iles, les rivières Nelson, Castor, La Loche, les portages Wiskey Jack, ainsi que Norway House, Nelson House, Wabowden, Le Pas, Beauval, l'Ile-à-la-Crosse, la Rivière-au-Boeuf (Dillon), Keewatin, God's Lake, Ste-Thérèse-de-l'enfant-Jésus, sont des lieux très familiers pour Edmond. Il a construit une vingtaine d'églises, des maisons et des clochers.
Agé de quatre-vingt-sept ans, il prend maintenant un repos bien mérité à la résidence Casa Bonta à St-Boniface au Manitoba.
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