Biographie Malchelosse Marie-Eulalie-Florestine



Biographie Malchelosse Marie-Eulalie-Florestine


Notice Biographique
**********
Au soir du 23 décembre 1928, décédait notre regrettée Sœur Malchelosse. C'était un dimanche, cinquantième anniversaire de la bénédiction de notre chapelle et cent-cinquante-septième de la mort de Mère d'Youville. Tout comme celles de notre Vénérable Fondatrice, ses funérailles eurent lieu en pleine solennité de Noël, devant un autel paré de verdure et de fleurs. Coïncidences heureuses que nous aimons à regarder comme les symboles de la fête éternelle à laquelle Dieu conviait notre Sœur. Il nous est permis de présumer qu'en effet, la sentence divine dut être favorable à cette âme dont la vie s'écoula dans la souffrance et la ferveur.
Fille de Stanislas Malchelosse et de Eulalie Bensette, Florestine naquit à Montréal, le 30 mars 1853. Pour une cause ignorée de nous, ses grands-parents l'adoptèrent dès sa deuxième année. L'enfant répondit à leur sollicitude par une docilité entière et une piété précoce qui lui faisait souvent interrompre ses jeux pour se retirer dans une pièce isolée de la maison où elle récitait ses petites prières. Première élève de notre salle d'asile de Saint-Joseph, la jeune fille étudia ensuite à la Congrégation de Notre-Dame, puis à l'âge de vingt-trois ans, vint se consacrer au service des pauvres dans notre Institut.
Après ses vœux de religion prononcés le 6 février 1879, Sœur Malchelosse s'occupa pendant six ans du vestiaire des prêtres. Nos Pères de Saint-Sulpice apprécièrent ses bons offices; monsieur Victor Many entre autres, disait d'elle peu avant de mourir: "Son attention à nous obliger n'avait d'égale que sa remarquable politesse ". L'estime générale dont elle jouissait aussi parmi les filles tertiaires alors employées à cet ouvroir, nous laisse entendre que déjà, Sœur Malchelosse comprenait pleinement sa vocation de charité. Elle fit là l'apprentissage d'un apostolat plus vaste auquel la divine Providence allait l'appeler ensuite dans nos missions de l'Ouest, où elle se rendit en 1887. Le soin des enfants sauvages de Saint-Albert lui fut d'abord confié, et cette charge d'hospitalière lui valut en 1893, d'accompagner nos petits indiens à l'exposition colombienne de Chicago. Arrivée dans cette ville le 22 juin, Sœur Malchelosse écrivait trois jours plus tard: " .........Ma compagne a un garçon et deux filles de Saint-Boniface sous sa tutelle; j'ai deux filles de Saint-Albert. Nous recevons l'hospitalité à Pullman, chez Monsieur le Curé Bourassa, ancien écolier de la Maison-Mère. Nous y sommes en compagnie de Monsieur le Chanoine Bruchési qui se montre partout ami dévoué des Sœurs Grises, et, j'oserai dire, "Père" de celles de Chicago. Nos enfants travaillent tous les jours de une heure à quatre heures. Notre agent, monsieur C. de Cazes parait satisfait du succès; il a beaucoup à cœur que les enfants des Écoles protestantes qui doivent nous succéder sur le terrain de l'Exposition, ne fassent pas mieux que les nôtres. D'après ce que nous voyons tous les jours et ce que nous entendons de la part des protestants, il résultera un grand bien pour l'honneur de notre religion de cette manifestation missionnaire..........".
Une autre lettre donnait les détails suivants: " Nos petits sauvages continuent d'intéresser les visiteurs. Ces chers enfants attirent l'attention; on aime à les voir et à leur parler. Depuis le 1er juillet, 1595 signatures se sont alignées dans notre registre, et ce n'est que le petit nombre des visiteurs qui s'accordent le plaisir d'inscrire leurs noms. Ah! C'est désolant de se trouver sans cesse en face de tant de monde ! ......" Une Sœur Grise doit en effet, se trouver dépaysée sur un terrain d'exposition, aussi, la chère voyageuse apprécia doublement le calme de la vie régulière quand il lui fut donné de la reprendre.
Bientôt, d'autres responsabilités plus graves sollicitèrent son dévouement. En 1895, elle fut nommée supérieure locale à Dunbow, charge qu'elle remplit ensuite au Lac Labiche, jusqu'au jour où elle devint Assistante provinciale de l'Alberta. Dans ces différents emplois, notre Sœur répondit à la confiance de ses Supérieurs, se montrant la gardienne fidèle de la règle et des traditions. Ces responsabilités ne semblent pas néanmoins avoir eu pour elle d'autres attraits que celui d'un devoir austère, puisque revenue à Montréal en 1904, elle faillit s'évanouir lorsque notre vénérée Mère Hamel lui annonça publiquement en récréation: " Je vous nomme, ma Sœur, supérieure locale du Couvent de Saint-Benoît".
Vu l'état de santé de Sœur Malchelosse, c'était lui imposer un nouveau fardeau, car une complexion délicate et maladive la retenait depuis longtemps dans une langueur continuelle; or, l'on sait quelle somme d'énergie demande l'accomplissement du devoir dans de pareilles conditions. Généreusement, la bonne Supérieure accepta son obédience et essaya de réaliser encore ce que Mgr Gay appelle " faire le personnage de Dieu, être son voile humain ". Son mandat terminé, notre chère Sœur devint assistante provinciale aux États-Unis en 1908, puis à la Province d'Youville, de 1915 à 1927.
A soixante ans d'intervalle, la petite asilienne de 1855 revenait donc sous le toit de l'Hospice Saint-Joseph devenu École Ménagère Professionnelle. Pendant douze ans, sa piété, son jugement sûr et son esprit d'ordre allaient y édifier tout le personnel. En récréation, ses anecdotes et ses reparties amusantes en faisait une très aimable causeuse. " Quelle humeur joviale ! " aurait pensé une étrangère; " quelle religieuse mortifiée ! " disaient ses compagnes intimes, elles, les témoins de ses migraines perpétuelles, de sa toux opiniâtre et du jeûne quotidien que lui imposait son estomac malade.
Pendant un intérim de quelques mois en 1925, Sœur Malchelosse administra notre mission de Varennes. On raconte que le 24 décembre, la chère Assistante provinciale aurait rencontré dans le corridor, un des hospitalisés de la maison, vieillard à l'air morose. Interrogé par elle sur la cause de son chagrin, celui-ci avoue simplement son regret de n'avoir pas de vêtement propre pour fêter la Noël. Immédiatement, Sœur Malchelosse tire de sa poche quelques pièces de monnaie et les tends au bon vieux qui s'en va rayonnant, s'acheter un pantalon neuf. Or, il parait que, du pauvre et de la Sœur de Charité, cette dernière fut la plus heureuse: elle avait fait sourire un malheureux.
Au mois d'octobre 1927, notre chère Sœur s'alita définitivement à l'infirmerie. Cette âme qui, toute sa vie durant, avait su tirer parti de sa trop frêle enveloppe, utilisa aussi dans un but d'apostolat, les mérites de sa dernière maladie. Pendant quatorze mois, elle nous édifia par sa douceur et sa patience. Bien souvent, après un incident pénible ou une crise douloureuse, l'infirmière l'entendait murmurer: " Mon Dieu, vous avez besoin de cela pour convertir un pécheur; prenez, je vous offre tout ". Oui, tout fut amoureusement offert, même le sacrifice de son jubilé d'or qu'elle eut célébré en 1929, et dont la pensée lui revenait jusque dans son délire. La dernière phrase fut particulièrement crucifiante et réduisit tout son être à un anéantissement complet. Son pauvre corps amaigri faisait peine à voir, mais dans la flamme de ses yeux, brillait encore l'ardeur de son âme entièrement livrée au bon Vouloir divin. " La mort est lente, bien lente à venir " soupirait-elle, sans toutefois se plaindre de la longueur de son agonie.
Puis le jour éternel se leva, et Sœur Malchelosse alla se réunir à notre famille du ciel, laissant à ses Sœurs de la terre, le souvenir d'une religieuse fidèle à Dieu et dévouée au prochain.
 

Mentions légales  |  Contactez-nous  |  Notre mission  |  Liens partenaires  |  Votre arbre généalogique

Copyright © NosOrigines.qc.ca 2024