Biographie Dore Gerard



Biographie Dore Gerard

LE PLUS JEUNE ALLIÉ MORT EN NORMANDIE

Rien n’est encore gagné un mois après le débarquement. Les Alliés doivent progresser dans les terres, pour libérer des points stratégiques. Ces semaines de combats acharnés tueront de nombreux soldats, dont le plus jeune est un adolescent québécois.

Mesurant 5 pieds 9 pouces et pesant 140 livres, Gérard Doré, né à Val-Jalbert, fait bonne impression auprès des recruteurs lorsqu’il s’enrôle à Québec le 7 avril 1943. Ces derniers, qui qualifient le Jeannois d’« énergique » et « aimant l’action », voient en lui le « potentiel d’un bon soldat, voire d’un bon sous-officier », raconte au Devoir l’historien Frédéric Smith. Mais sa stature imposante est un leurre : le jeune homme n’a que 15 ans.

Voulant à tout prix servir dans l’armée, Gérard Doré a menti sur son âge, retranchant trois années à sa véritable date de naissance, devenant 1924 plutôt que 1927. Les officiers, qui croient faire face à un homme de 19 ans, l’envoient en Angleterre, en mai 1944, où il rejoindra les rangs des Fusiliers Mont-Royal (FMR) deux jours avant le débarquement. Le régiment ne participera pas à cette opération militaire, et se rendra en France seulement un mois plus tard, le 8 juillet.

Aux côtés de trois autres unités canadiennes francophones, les FMR s’engagent le 20 juillet dans des « combats acharnés » pour libérer deux fermes au sud de Caen, encore occupées par les Allemands. Les Alliés finiront par récupérer les terres le 25 juillet, au prix de nombreuses pertes, dont Gérard Doré, touché mortellement par l’ennemi deux jours avant la fin de la mission.

À Roberval, où demeure sa famille, la nouvelle est un choc. Le père, Isidore Doré, ne croit pas à la mort de son fils, qui s’est enrôlé à son « insu », selon son dossier militaire. « N’a-t-il pas écrit une dernière lettre ? N’est-il pas seulement disparu ? », demande-t-il au ministère de la Défense nationale.

« J’avais bien commencé des démarches pour le faire sortir de l’armée, mais je ne croyais pas qu’on l’enverrait si vite au feu, à cet âge, bien qu’il était très courageux et qu’il voulait absolument défendre la patrie », écrit deux ans plus tard sa mère, Marie-Anne Doré.

Tué à 16 ans et 11 mois, Gérard Doré est considéré comme le plus jeune soldat allié mort sur le front de l’Ouest au cours de la Seconde Guerre mondiale. Il repose au cimetière canadien de Bretteville-sur-Laize, en Normandie.

L’hécatombe du raid de Dieppe

S’il n’a « pas servi longtemps », il est certain que l’adolescent a fait preuve de témérité, car « après le désastre du raid de Dieppe, il fallait un certain courage pour quand même vouloir aller à la guerre », souligne Frédéric Smith.

Héros méconnu

Le courage de Gérard Doré lui a valu un monument commémoratif à l’entrée du cimetière où il repose, en France. Une rue d’une petite commune du Calvados porte aussi son nom. Mais dans sa région natale, ce « héros » n’est « pas encore super reconnu », admet Maxime Lamontagne, directeur général de la Société d’histoire Domaine-du-Roy, à Roberval.

Depuis quelques années, le centre d’archives multiplie les hommages au soldat et tente de « le faire connaître un peu plus » par le biais d’expositions. « Ça fait partie de notre mission de faire connaître l’histoire régionale du coin, mais aussi les grands personnages. »

« Il y a très très peu de sources au Québec qui vont parler de ce soldat-là et de la contribution canadienne-française aux guerres mondiales », confirme M. Smith. Il fait d’ailleurs mention de Gérard Doré dans son récent ouvrage Des Québécois en Normandie, qui vise à donner à la participation des Québécois « l’écho qu’elle mérite ».

Les « faits d’armes des militaires canadiens-français », autrefois passés « sous silence », gagnent en visibilité depuis les trente dernières années, selon M. Smith. De nombreux vétérans, s’étant amuïs en raison de leur traumatisme, se sont « ouverts à leurs petits-enfants, comme s’il y avait une espèce de volonté que, malgré tout, on n’oublie pas ce qu’il s’était passé ».

« Le devoir de mémoire, surtout avec la disparition des derniers témoins, est de plus en plus une responsabilité collective. »

Ce reportage bénéficie du soutien de l’Initiative de journalisme local, financée par le gouvernement du Canada.

(https://www.ledevoir.com/monde/europe/814289/plus-jeune-allie-mort-normandie-etait-quebecois)

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