Biographie Lalonde Gertrude
En créant Sœur Gertrude Lalonde, Dieu mit tout spécialement en elle le sens du beau, du bien fait. En effet, son travail était toujours marqué au coin du “fini”. Sœur Lalonde savait mettre ses talents personnels au service de la beauté, et ce, dans presque tous les domaines.
Elle écrit, “Notre jeunesse s'est écoulée heureuse et sans problèmes à St-Télesphore. Nous n'avons connu ni la maladie, ni la pauvreté. Nous avons tous fréquenté la même école à deux minutes de marche de la maison où d'excellents instituteurs ou institutrices nous préparaient à entreprendre nos études à l'École Normale de Valleyfield pour les filles et au Collège Bourget de Rigaud pour les garçons.” Elle avoue cependant n'avoir pas gardé un bon souvenir de ses années de pensionnat à Valleyfield. Elle a aussi appris le violon dans son adolescence.
Son École Normale étant terminée en 1925, l'année suivante Mademoiselle Lalonde enseigne dans une école de campagne. Elle ne sent ni goût, ni aptitude pour ce genre de travail. Aussi, après cet essai d'un an, décide-t-elle d'abandonner son emploi et de demeurer avec ses parents. Elle n’aimait pas beaucoup fréquenter les garçons, mais son père Hector exigeait qu’elle “reste dans le monde” jusqu’à 25 ans avant d’entrer chez les sœurs. Comme la plupart des jeunes filles de son temps, elle s'applique à des travaux de broderie et de crochet qu'elle réussit à la perfection. De petits chefs-d'œuvre sortent de ses doigts habiles.
La décision de sa sœur Florence, de trois ans son aînée, d'entrer chez les Sœurs Adoratrices du Précieux-Sang à Saint-Hyacinthe, a une influence sur Gertrude. La jeune fille écrira à ce sujet, “C'était la première qui quittait le foyer. On aurait dit que ce départ me donnait à penser qu'un jour il fallait bien partir quelque part. Je m'arrêtai à réfléchir sur cet événement de la vie et, en 1932, je fis une retraite privée, décidée d'orienter mon avenir avec l'aide d'un conseiller. Je mis dans ma valise le volume, "Sous les pas de Marthe et Marie" où on retrouve un court historique des communautés de femmes au Canada. De toutes les communautés que je connaissais peu ou pas, mon choix s'arrêta sur les Hospitalières de Saint-Joseph - Congrégation dont je n'avais jamais entendu parler. Le Père Joseph Lalande, s.j., qui dirigeait la retraite, n'approuvait pas ce choix, il me conseillait plutôt une communauté enseignante. Je choisis donc les Sœurs de la Congrégation de Notre-Dame même si j'avais étudié chez les Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie. De retour à la maison, je fis part de ma décision à ma mère, elle ne pouvait pas faire autrement que de me féliciter..., mais... un petit miracle s'opéra... Maman, qui était allée rendre visite à ma sœur du Précieux-Sang, lui apprit la nouvelle. Sur-le-champ Florence lui dit, "Je ne vois pas Gertrude chez les Dames de la Congrégation, pourquoi ne choisirait-elle pas les Sœurs de l'Hôtel-Dieu?" Elle les avait connues avant son entrée en visitant une malade et elle en avait gardé un très bon souvenir; chose étrange, elle ne m'en avait jamais parlé. Aussitôt appris, aussitôt décidé. Je prends le train pour Montréal et je vais rencontrer le Père Lalande pour lui parler de ma décision. Il me conseille de me rendre à l'Hôtel-Dieu, de subir un examen médical, de voir la maîtresse des novices et de lui donner des nouvelles de mes démarches. Je rencontrai tout d'abord Sœur Saint-Georges et je lui racontai mon aventure. Elle m'invita à revenir, ce que je fis pour connaître et me faire connaître à la supérieure et, le 1er octobre 1932, je traversais la porte du cloître.”
Monsieur Aumais, curé de Saint-Télesphore, écrit dans sa lettre de recommandation, “Mademoiselle Marie Gertrude Lalonde est une excellente fille; sa conduite est exemplaire. Sa famille est une des meilleures familles de ma paroisse.”
Sœur Lalonde fait son année de postulat alors que Sœur Saint-Georges (Bertrand) est maîtresse des novices et, le 10 octobre 1933, elle revêt le saint habit. Le 11 octobre 1934, Sœur Lalonde émet ses vœux temporaires. Peu après, elle écrit, “Je n'ai pas eu de peine à me faire à la vie religieuse. D'abord, je n'ai pas connu les désagréments de l'ennui, et pour ce qui est de toutes les autres petites épreuves inhérentes à la vie de communauté, je me demande s'il en existe... La passion de Notre-Seigneur fait en partie l'objet de mes méditations. Je choisis la vie parfaite ayant pour unique motif, sauver mon âme.” Le 11 octobre 1937, Sœur Lalonde prononce ses vœux perpétuels.
Comme la plupart de ses compagnes, elle a fait son cours d'infirmière tout en travaillant à l'Hôtel-Dieu de Montréal. Elle obtient son diplôme en 1937. Au moment de l'ouverture du Pavillon Le Royer, Monsieur Hector Lalonde, père de Sœur Gertrude, fait un don substantiel en vue de l'ameublement d'une chambre et Sœur Saint-Georges, alors supérieure, le remercie ainsi, “Je suis heureuse de profiter de l'occasion qui m'est offerte pour vous assurer, Monsieur Lalonde, que si votre royal cadeau pour le pavillon Le Royer nous est sensible, le don que vous avez fait de votre fille, à notre communauté, est mille fois plus précieux. Que Notre-Seigneur vous en récompense lui-même par toutes sortes de bénédictions.”
En 1938, Sœur Lalonde travaille comme technicienne au laboratoire de chimie de l’Hôtel-Dieu. Elle restera dans les laboratoires jusqu'en 1974, sauf pendant deux années où elle est nommée en neuropsychiatrie, au département Sainte-Rose. Durant ces 34 ans, elle a assisté et participé au progrès et au développement des laboratoires. En 1948, elle est officière et le sera lors du déménagement, en 1952, dans les nouveaux locaux du Pavillon de Bullion, qu'elle a su organiser et aménager. Sœur Lalonde est faite pour les choses de délicatesse et de précision. Même son apparence extérieure l'indique. Femme minutieuse, méticuleuse, il fallait que tout soit bien à l’ordre, bien rangé. Menue, petite (5 pieds), c'était une personne douce, souriante. Mais on sentait aisément son énergie quand il y avait des décisions à prendre.
Le 28 avril 1968, une grande joie est offerte à Sœur Lalonde, alors conseillère à la communauté de la Résidence Marie-de-la-Ferre. Elle fait partie des huit Religieuses Hospitalières de Saint-Joseph qui s'envolent vers la France pour assister, le 5 mai, au dévoilement d'un monument dédié à Jeanne Mance, à Langres. Les Religieuses Hospitalières de Montréal ont contribué largement à l'érection de cette statue qui perpétuera la figure de cette pionnière de la Nouvelle-France.
En 1972, on demande à Sœur Lalonde d'accompagner Mademoiselle Imelda Groulx, pour sa convalescence en Floride. Elles partent en novembre pour revenir en février 1973. À son retour, Sœur Lalonde aide Sœur Thérèse Trottier pour de petits travaux en vue de la préparation des fêtes du tricentenaire de la mort de Jeanne Mance. Elle fait ce travail du lundi au vendredi, y mettant tous ses talents d'artiste. Le samedi et le dimanche, elle assure la garde au laboratoire.
Les festivités étant terminées, elle songe à offrir ses services ailleurs, se sentant "trop jeune" pour ne travailler qu'à temps partiel. C'est alors que Sœur Georgette Dussault, supérieure provinciale, la devance et lui demande de remplir la fonction d'économe locale à la Maison provinciale, tout en continuant le service de garde de fin de semaine au laboratoire de l'Hôtel-Dieu, poste qu'elle quittera définitivement en mars 1974. À la Maison provinciale, Sœur Lalonde est une économe compétente et une maîtresse de maison incomparable. Les livres de comptabilité sont bien tenus et à jour. Les locaux sont toujours propres et en ordre, un rien venant de ses mains les enjolive; les visiteurs et les sœurs sont toujours bien accueillis. En un mot, Sœur Gertrude Lalonde est plus qu'appréciée, tant pour ce qu'elle fait que pour ce qu'elle est. Avec le temps, Sœur Gertrude cumule aussi la fonction de sacristine. On la voit souvent après son travail prier discrètement près du tabernacle toujours décoré avec goût, de façon artistique, spécialement les jours de fête.
À l'automne 1988, Sœur Lalonde souffre de problèmes visuels et une intervention chirurgicale est envisagée. Il devient de plus en plus difficile pour elle de faire les entrées aux livres. À 81 ans, elle songe à diminuer un peu ses activités. En décembre, Sœur Liliane Péloquin la nomme à la Maison mère pour qu’elle prenne sa retraite. Le 30 janvier 1989, Sœur Gertrude Lalonde arrive à la Maison mère et, le 1ier mars, elle est opérée pour cataracte. Sa convalescence terminée, elle ne demeure pas inactive. Elle est réceptionniste à l'économat le matin, au bureau des renseignements l'après-midi, graphiste de la communauté en plus de multiples autres menus travaux.
Sœur Lalonde continue sa petite vie volontairement discrète et effacée; elle se détache progressivement pour s'attacher à l'Essentiel. Sous une apparence plutôt réservée, elle voue cependant une grande affection à sa famille. Chaque printemps, elle vit une joie renouvelée et longtemps attendue, elle passe une semaine à Boileau, dans les Laurentides, dans un domaine appartenant aux Clercs de Saint-Viateur, avec son frère Philippe, c.s.v., sa sœur Geneviève et son mari Arthur Besner, ainsi que son frère Roma. Cette rencontre familiale est très importante pour Sœur Gertrude. Elle la fait vivre.
À l'été 1991, Sœur Lalonde commence à ressentir des ennuis de santé. À son retour de vacances à Arthabaska, elle écrit à une compagne, "Mes petits malaises physiques persistent. J'ai décidé de consulter le docteur Venne, mercredi. Qui sait si la chambre de Sœur Nadeau ne m'attend pas un de ces jours..." Le résultat ne tarde pas. Le diagnostic est grave (cancer du pancréas), il ne pardonne pas. Sœur Lalonde le sait; elle accepte, avec abandon et confiance en ses médecins et en Dieu. Pendant que, sur tous les plans, elle met ordre à ses affaires, la maladie, sournoisement, fait son chemin. Dans le calme et la paix de sa chambre d'infirmerie, Sœur Lalonde attend l'heure de Dieu. Elle a ses prières préférées qu'elle redit avec ferveur. En date du 13 novembre, son frère Philippe lui en adresse une très belle, intitulée, "Prière à Marie pour les dernières années de sa vie". Elle trouve que Dieu tarde à venir alors que la communauté voit la maladie progresser bien rapidement.
Le vendredi, 22 novembre 1991, à 12 h 55, le Seigneur lui ouvre, dans un dernier geste d'amour, les portes du Royaume. Elle est entourée de Sœur Monarque, supérieure, de quelques compagnes et de membres du personnel de l'infirmerie. Sœur Lalonde a 84 ans, 4 mois et 14 jours, dont 59 ans, 1 mois et 21 jours de vie religieuse.
Les funérailles ont lieu le lundi, 25 novembre, en la chapelle de la Maison mère, à 14 heures. Monsieur Marcel Martin, p.s.s., est le célébrant, assisté des Pères Philippe Lalonde, c.s.v., son frère, Calixte Préfontaine, c.s.v., M.-Joseph Genest, c.s.v., Joseph Bourassa, c.s.v., Marcel Genest, c.s.v., et Monseigneur Yvanhoe Poirier. En plus de son frère Philippe, assistent aux funérailles, son frère Roma, des neveux et nièces, Sœur Denise Lafond, supérieure générale, Sœur Thérèse Robert, supérieure provinciale, Sœur Claire Monarque, supérieure de la Maison mère, et plusieurs sœurs de nos différentes maisons.
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