Biographie Lalonde Florence

Elle a appris la peinture pendant son adolescence. Elle fait ses études à l'école normale de Valleyfield et elle enseigne pendant une dizaine d’années. Pendant deux ou trois ans, elle était alors aller habiter chez une des tantes de sa mère pour enseigner à St-Antoine Abbé. Après ça, elle a enseigné à l'école de rang de St-Télesphore. Elle gagnait de bons salaires et aimait s’acheter de beaux vêtements. Elle avait beaucoup d’entregent et a fréquenté plusieurs hommes avant d’entrer au monastère du Précieux Sang à St-Hyacinthe.

En 1930, à l'age de 26 ans, elle quitte sa famille et elle ne reviendra jamais à St-Télesphore. Elle entre dans la communauté cloîtrée des Religieuses Adoratrices du Précieux Sang à St-Hyacinthe où elle a passé 58 ans. Elle prend le nom de soeur Gertrude du Sacré-Coeur. Elle peignait en couleurs vives des statues de plâtre. Quand on allait la visiter, elle nous recevait dans un parloir derrière un treillis en bois. Notre visite était interrompue à toutes les heures pour qu'elle aille faire des prières.

Voici son Testament spirituel de soeur Florence Lalonde, a.p.s.
Rue du Bonheur sans fin

A remettre à ma famille après ma mort
28 mars 1984

Père, voilà 80 ans que tu m’as donné le don précieux de la vie, merci pour me l’avoir conservé jusqu’à ce jour... Depuis ma naissance, tu n’as cessé de me combler de tes grâces, de ton amour... Merci pour le bon papa, et la chère maman, auxquels je dois aussi ce don précieux. Merci pour les frères et soeurs qui ont partagé avec moi la belle vie de famille terrestre. Merci pour les neveux et nièces que j’ai tant aimés. Merci, ô Père, pour cette grâce initiale de mon Baptême, porte ouverte à toutes les autres grâces, et où vous m’adoptiez pour votre enfant. Je veux faire du reste de mes jours une louange à toi Père, unie à la grande famille trinitaire qui m'a adoptée au jour de mon Baptême.

Au cours de ces années, se sont entremêlés de grandes joies, des épreuves... des revers de santé... des deuils. Avec ta grâce et ton secours, j’ai pu triompher de ces obstacles et avancer vers toi. Et je suis devenue l’épouse de Jésus depuis 50 ans. Oui, ma vocation est une histoire d’amour. Jésus m’a appelée, me disant, “Aimerais-tu que l’on vive ensemble, que l’on aime ensemble, que l’on travaille ensemble?” Et, j’ai répondu Oui, très joyeusement. Et, depuis, nous travaillons ensemble. Il est mon Compagnon de route. Mais travailler pour quoi? Même but, pour les deux, c’est pour le salut des âmes. Lui est venu sur terre pour cela. Et moi, dans ma petite prison d’amour pour cela aussi...

Après ces jours qui ont passé si rapidement, mon âme chante avec Marie ma reconnaissance. Et tandis que j’en ai encore la facilité, je trace ces quelques lignes (que je sollicite à remettre à ma famille après ma mort). Sera-ce bientôt? Je ne sais ni le jour, ni l’heure. Je sais seulement que c’est toi Jésus qui viendra rompre ce dernier fil de ma vie. “Je viendrai comme un voleur” a dit Jésus. Papa à 80 ans était convié au “rendez-vous”, Bibiane, au même âge allait le rejoindre! Et moi? Et chacun de vous? Tenons-nous prêts à aller se jeter dans ses bras à l’appel! Je n’ai pas l’idée cependant par ces lignes de vous faire un sermon. Non! Mon frère Philippe vaut mieux que moi, et d’autres qui vous dirigent aussi. Je veux seulement vous dire combien je fus heureuse dans ma chère vocation, quelle grande paix d’avoir été l’objet de tant d’amour, de vivre avec Jésus. Je remercie tous et chacun pour la grande affection que vous m’avez toujours conservée, et pour me l’avoir prouvé maintes fois par vos visites et vos lettres. Vous m’avez beaucoup édifiée et apporté la paix en ne me reprochant jamais d’avoir embrassé une vie aussi austère et de n’avoir jamais mis obstacle à me laisser observer ma vie de cloître, merci! C’est toujours avec joie et confiance que vous avez eu recours à nos prières dans vos intentions personnelles et pour beaucoup d’autres que vous aimez. Continuez! De là-haut, je veux encore être avec vous pour vous aider à venir me rejoindre. Si les rencontres avec les plus jeunes ont été moins fréquentes, je ne les aime pas moins pour cela, et les félicite d’avoir toujours fait le bonheur de leurs chers parents, qui n’ont rien épargné pour eux. Continuez tous à suivre leurs sages conseils et à imiter leur vie de fervents chrétiens, pour reformer un jour là-haut notre belle vie de famille.

La vraie vie n’est pas ici-bas. Cependant la vie de chacun nous est donnée pour préparer l’autre. Comment?  En suivant la route que Dieu nous a tracée. La connaître premièrement, et s’y engager avec courage, jusqu’au bout!!

Après cet épanchement fraternel pour une vieille soeur de 80 ans (je ne l’ai fait pas d’un seul trait) je vais cesser en vous disant encore une fois, combien je fus heureuse dans ma chère vocation. Oui, ce fut un petit ciel, même au milieu de tous mes sacrifices. Quoi? Le ciel, c’est Dieu, et Dieu fut sans cesse en moi pour m’aider. Mais, ce ciel d’ici-bas, c’est pour un temps, et combien, j’aspire après le beau Ciel qui durera toujours. Je le désire aussi pour chacun de vous. Jésus a dit en quittant la terre, “Je monte vers mon Père, vers votre Père. Je m’en vais vous préparer une place.” Mais, est-ce un rêve? Non, c’est une réalité. Alors, je termine en vous disant que je souhaite et prie ardemment que chacune de vos places soient bien occupées. Que sera-ce alors que les petits sacrifices que nous aurons fait pour se la procurer? Et là, notre grande famille vivra ensemble la joie d’être avec Dieu pour toujours!

Un dernier bonjour à tous, mais bien particulier à ceux dont l’épreuve a marqué leurs jours plus crucifiants selon la volonté du Père. Si je puis encore tenir mon crayon, je reviendrai avant de partir si je le puis. L’avion n’est pas encore à la porte pour m’embarquer.

Bonjour en attendant...

Affectueusement    Florence, a.p.s. (Adoratrice du Précieux Sang)